Journée du patrimoine, place Broglie, Strasbourg, 2004
Fête de l’eau, Wattwiller, 2005
techniques mixtes sur briques en verre, fontaine, 3,5 x 3,5 mètres,
avec le soutien de la Ville de Strasbourg, la DRAC Alsace, le CEEAC et la société la Rochèreis

EnregistrCorinne Albrecht travaille l’épaisseur de la peinture, les profondeurs de ses couches, ses transparences et sa liquidité. Elle a choisi le verre comme matériau-support afin de sortir la peinture de l’espace de la toile et la faire passer à une autre dimension.
Elle est partie de deux constats : une brique de verre flotte et le verre comparé à l’eau a une certaine parenté dans leurs transparences et leurs reflets. En flottant dans l’eau, les briques colorées matérialisent les qualités de l’élément liquide. Elles dérivent sous l’influence des jets d’eau détournés, recomposent les mouvements de l’eau tout en les ralentissant avec l’inertie du verre.
Ce puzzle de couleurs, constitué de briques peintes flottantes, matérialise également les qualités picturales de l’eau par un jeu de reflets et d’ombres colorées, soit en surface, soit au fond du bassin. En période nuageuse, la couleur des briques ressort assez nettement à la surface de l’eau mais de façon diffuse, chaque surface étant fractionnée par les remous de l’eau qui passent par-dessus, donnant ainsi l’impression d’un puzzle aquatique qui se construit. Par contre par grand soleil, la lumière permet de colorer le fond du bassin, grâce à l’effet de loupe que provoque la superposition de l’eau et du verre, accentuant et démultipliant les effets de lumières et de couleurs qui se concentrent habituellement à la surface de l’eau : l’impression dominante sera dans ce cas celle d’un puzzle qui se déconstruit.
Faire du fond du bassin une sorte d’écran. Ce travail concerne les fontaines, c’est-à-dire les points d’eau dans l’espace urbain. En ville, les fontaines ont une fonction que l’on réduit trop souvent à un simple agrément ; ce sont de véritables lieux de rencontre, de respiration, de fraîcheur, face à l’opacité de l’espace construit.
Et ce n’est peut-être pas pour rien si le verre est devenu le matériau sensé par excellence réconcilier l’individuel et le collectif ; comme si en les plongeant dans une fontaine, ces lourdes briques de verre pouvaient nous révéler autre chose sur cet espace urbain…

 

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